Comme une météorite

          Je contemple le soleil flamboyant qui descend lentement dans le ciel pourpre. J'admire ce spectacle à la fois apaisant et inquiétant chaque soir, juste avant que la nuit ne tombe et n'amène avec elle son lot de dangers, car c'est dans les ténèbres que les prédateurs se réveillent. La nuit est le terrain de chasse favori des monstres en tout genre, de la horde implacable des vélociraptors au redoutable tyrannosaure solitaire, sans compter le froid qui s'abat soudainement et peut se révéler fatal pour les plus faibles d'entre nous.

          Le soleil a disparu derrière l'horizon, et mes sens se réveillent. Ma vue se fait plus perçante, mon ouïe plus fine et mon corps se contracte, prêt à fuir à la moindre alerte. Avec prudence, je baisse la tête et commence à brouter. Les autres membres de ma horde sont tout près, nous nous protégerons mutuellement dès qu'un danger nous fera face, ou plutôt c'est notre nombre qui nous protégera.
          C'est alors que j'entends un bruit surpuissant devant moi. La terre tremble, les arbres s'agitent, les pierres dégringolent des collines et nous relevons la tête d'un seul mouvement. Qu'est-ce ? C'est la première fois que j'entends quelque chose d'aussi fort, même lors des éruptions, et il semble en être de même pour chaque membre de la horde. Au sud jaillit alors une étrange lueur orangée, ténue d'abord puis de plus en plus forte. Mon instinct me hurle de toutes ses forces de m'enfuir, mais la terreur me cloue sur place. La lumière s'approche lentement, et mon cerveau tourne à toute vitesse, sans pourtant trouver d'explication, ni même de directive à adresser à mon corps, qui reste planté dans le sol. Cette lumière n'est pas naturelle, je n'en ai jamais vue de pareille. Surgissant des buissons apparaissent alors quatorze petits animaux. Soulagé, je reprend le contrôle de mon corps et les observe de plus près. Ce sont des bipèdes couverts d'une étrange matière qui semble remplacer leur carapace. Je frémis. Des animaux nus ? Quelle idée atroce. Auraient-ils été blessés et dépouillés de leur protection naturelle ? Je les regarde encore un peu mieux. Parmi eux, sept femelles et autant de mâles. Ils dégagent une odeur qui m'est inconnue... Ils ont l'air inoffensifs, et je m'approche d'eux pour mieux les étudier. Mais à peine ai-je le temps de faire quatre pas que l'un d'entre eux attrape une sorte de bâton fixé derrière son dos et le pointe sur moi. Indécis, je le regarde avec perplexité. Que me veut-il ?

          C'est alors que l'extrémité de la branchette se met à luire et qu'un éclair rouge en sort, me frappant en plein cœur. Ma tête tourne, respirer me fait mal et mes pattes se dérobent sous moi. Je m'écrase sur le sol poussiéreux. Les étranges bipèdes sortent tous un bâton mortel de derrière leur dos et massacrent mes compagnons avec force cris et hurlements. Ils ne doivent pas être seuls. Des bastions de ces étranges animaux doivent avoir atterris un peu partout. Ils vont nous anéantir et coloniser notre planète sans que nous ne puissions rien faire, et personne ne saura rien de la vérité, rien de ces bâtons tueurs et rien de la façon dont ils ont atterri ici, à la manière d'une météorite, nous décimant tous. Mais qui pourra témoigner ? Mes paupières se ferment, et j'entends dans un dernier éclair de lucidité qu'ils se nomment eux-mêmes HU-MAINS.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire